Juste avant la compagnie

Théâtre

Présentation de la compagnie

Juste avant la Compagnie monte des textes portés sur l’imaginaire et la provocation avec une esthétique résolument moderne : scénographie épurée, univers et costumes contemporains, et liberté créatrice du jeu des acteurs.

Créée en 2010, Juste avant la compagnie est basée à Ivry-sur-Seine dans le Val-de-Marne et abrite le travail du metteur en scène Baptiste Dezerces. Les pièces qu’il met en scène, à partir de textes du répertoire ou de ses propres écrits, gravitent autour de la notion de transgression dans le monde contemporain et du renversement des valeurs.

En 2023, Juste avant la compagnie assure la promotion de Richard III créée à l’automne 2022. A l’occasion de la diffusion de cette pièce, Juste avant la compagnie a développé un format d’ateliers à destination de participants/spectateurs leur permettant ensuite d’intervenir de manière active au plateau pendant la représentation. Cette expérience de théâtre partagée peut se décliner en fonction des publics et des demandes des organisateurs partenaires.

Avec L’opium réside dans le pixel, Juste avant la compagnie initie cette année avec Baptiste Dezerces un nouveau projet de création dans la continuité d’un travail initié sur les monstres moraux, avec des adaptations contemporaines de Richard III de Shakespeare, et Caligula/Je suis encore vivant d’après Albert Camus. L’artiste explore cette fois-ci un thème contemporain mis de côté par l’art dramatique, malgré la proximité avec l’art du comédien : les jeux vidéo.

L’OPIUM RÉSIDE DANS LE PIXEL

LE VIRTUEL COMME REFUGE

Dans un monde où les nouvelles technologies prennent le contrôle de nombreux aspects de nos vies, certains se tournent vers des imaginaires virtuels pour trouver une liberté et une force que leur refuse le monde réel.

Comment ces personnes parviennent-elles à utiliser l’univers du jeu vidéo comme un refuge pour éviter d’affronter la réalité du monde contemporain ?

Dans ce seul en scène, Baptiste Dezerces incarne alternativement trois personnages masculins se réfugiant dans les jeux vidéo pour fuir la réalité. Ces trois joueurs sont liés dans une quête absolue d’amour et de reconnaissance jusqu’à ce qu’une confusion s’opère entre leurs propres vies et les personnages qu’ils incarnent ou rencontrent dans leurs jeux.

Si ces univers sont si attractifs, c’est qu’ils proposent des expériences enrichissantes, cohérentes et de plus en plus immersives.

Dans ces conditions, à quel moment l’expérience de l’imaginaire devient-elle préférable a l’expérience réelle, que se passe-t-il quand la fiction interfère avec notre propre existence ?

NO MAN’S SKY
THE LEGEND OF ZELDA : BREATH OF THE WILD

EXTRAIT DU TEXTE

La lumière revient doucement sur un troisième joueur.

JOUEUR 3, un peu gêné. —

Oui je suis une femme dans le jeu, et alors ?

Par contre je refuse de jouer une femme qui couche avec les hommes que je côtoie, ce sont mes soldats merde, mes hommes.
Ils sacrifient leurs vies pour moi sans problème, toujours. Quand j’avance ils vont à droite, quand je saute ils regardent en bas.

Je ne peux pas avoir une relation sexuelle avec mes soldats, j’ai beau être une femme moderne, dans le jeu je veux dire dans le jeu, non pas que je ne sois pas moderne dans

la vie, un homme moderne, je suis ouvert je suis ouvert !

Mais la modernité c’est aussi accepter le lesbianisme ! Non pas que tous mes soldats soient des hommes bien au contraire mais de là à coucher avec un extraterrestre pour prouver ma modernité… Pourquoi pas finalement, mais seulement si c’est une femme, je ne sais pas, je ne m’imagine pas dans la peau d’une femme hétérosexuelle, je dois avoir peur de la pénétration, fictive, bien sûr, tout cela est fictif !

C’est tellement plus simple quand j’allume une nana tout est tellement classe je leur montre mon arme et elles se pâment devant moi, j’espère me faire la petite assistante de mon centre de commandement.

Avec mes soldats, hommes, femmes, extra ou intra-terrestres, quelles que soient leurs couleurs, il faut savoir rester professionnel.

Caligula / JE SUIS ENCORE VIVANT

Caligula est l’expression morbide de nos désirs les plus enfouis. Dans la pièce tous sont contaminés par cette envie d’impossible. Je veux explorer dans cette création cette pulsion qui est en nous, de voir la destruction à l’œuvre. Caligula nous fascine car il exprime un désir d’absolu qui nous parle tous. Nous vivons avec des désirs de destructions extrêmement fort. Notre monde contemporain est traversé par une violence inouïe : injustice sociale, cynisme des puissants, destruction écologique, moralismes affligeants, tension entre les religions, liberté d’expression menacé, mépris de classe, racisme, misogynie, appels à la haine, négationnisme… Face à cela, certains instaurent un code de bien-pensance, un code de conduite à adopter en toutes circonstances, en censurant des mots ou des personnes qui n’ont pas les mêmes idées qu’eux, de manière crétine et dogmatique, proche du stalinisme le plus insupportable. D’autres se réfugient dans la haine de l’autre, rampant vers le fascisme lentement et sûrement. D’autres en profitent, et font fleurir les haines pour leur profits personnels. D’autres ferment les yeux et attendent que ça passe… D’autres enfin veulent que cela cesse.

La colère est légitime. Vouloir renverser ce monde absurde, où le virtuel, l’apparence a pris le dessus, où le débat est impossible, où l’hypocrise est la norme, c’est légitime.

Alors Caligula renverse le monde, qui l’a bien mérité. Et quand plus rien n’aura de sens, sa démonstration sera complète. Je comprends son argumentaire. Il me paraît indispensable d’analyser son argumentaire, avant que cet argumentaire ne s’exprime dans vie réelle à coups de grenade et de cocktail Molotov.

Baptiste Dezerces, Metteur en scène

Résidence de création – Nouveau gare au théâtre – octobre 2023

L’équipe

RICHARD III

Au lendemain d’un conflit civil meurtrier, le jeune frère du roi, Richard, décide de prendre le pouvoir par la manipulation et le meurtre. Difforme et mal-aimé, il se persuade que sa seule place dans ce monde à présent en paix est d’être Le Méchant : Celui qui détruit, tue, trompe et assassine. Cette pièce, paradoxalement, témoigne d’une envie de reconstruction. Après une crise sanglante, tout le monde a envie de reconstruire, d’oublier les querelles intestines, d’aller de l’avant, d’y croire encore, même si le Roi Édouard est malade, que les nobles se jalousent, que la paix est construite sur du sang, tout le monde y croit, sauf Richard.

Alors, pour lui, c’est fini. L’horreur est allée trop loin, maintenant l’horreur ce sera lui. Il renvoie l’ascenseur, qu’il a rempli de toute les haines du monde. Pour lui tout est allé trop loin. Trop d’humiliation, subies et fantasmés, trop de défiance, trop de mensonges, d’hypocrisies, de trahisons, de complotismes, de non-changements, de promesses et d’espoirs déçues.

Empêcher le monde de se reconstruire, voilà son grand projet. Richard fait le mal car il pense que c’est l’activité qui lui correspond le mieux. C’est comme ça que la société le perçoit, alors, souffrant du rejet de cette société et incapable d’y participer, il décide d’accepter le rôle du Méchant.

Mais nous, pourquoi avoir une telle fascination à le voir manigancer les pires atrocités ?

Nous voulons prendre à bras le corps cette dualité contemporaine : nous craignons et condamnons la violence réelle, mais nous recherchons activement à nous confronter au morbide dès que nous le pouvons. Peut-être sommes-nous « un brin rassurés » quand nous pouvons ainsi titiller du doigt la mort ?

Télécharger LE DOSSIER DU SPECTACLE

Galerie photos des personnages

par Olympe Winnebroot

Lady Anne

ET RICHARD…

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